SOCIÉTÉ

Naufrage du ferry Esther Miracle : rien n’oblige le ministre des transports à démissionner après le drame

Le drame survenu suite au naufrage d'un ferry dans la nuit du jeudi 9 mars 2023 à quelques encablures des côtes de Libreville, occasionnant au moins 3 décès et entraînant la disparition de 34 personnes choque à ce point les Gabonais que des voix s’élèvent pour réclamer le départ du Ministre des Transports, Brice Constant Paillat. Mais franchement, le mal est fait. Oui, la politique est violente. Oui, les nerfs peuvent lâcher face à une forme de pression permanente. Mais non, le Ministre des Transports n'est pas juridiquement obligé de démissionner.

Certes, les cas de figure sous d’autres cieux sont légion. Au Sénégal par exemple, en octobre 2002, après le drame du Joola, la plus grande catastrophe maritime jamais connue dans le monde avec près de 2000 morts, les ministres Youssouph Sakho en charge du département de l’Equipement et des Transports et Youba Sambou, ministre des Forces armées directement mis en cause dans ce naufrage avaient démissionné du gouvernement de Mame Madior Boye.

Mais aucune règle formelle de la Constitution ne leur en a fait l’obligation. Ce n’est qu’en vertu d’une pratique certes constante, mais sans base juridique que les ministres empêtrés dans des scandales et autres accidents acceptent de présenter leur démission au chef du gouvernement. Cette pratique ne se justifie pas nécessairement : elle masque le fait qu’un ministre tire constitutionnellement sa légitimité à la fois au Président et au Premier ministre. 

C’est pourquoi il serait beaucoup plus logique que le ministre attende les conclusions du Conseil des ministres pour démissionner ou pas. On peut même suggérer qu’il serait tout particulièrement sage d’agir ainsi. 

Soyons clair, s’agissant du cas du ministre gabonais en Charge des Transports, Brice Constant Paillat, la clé se trouve en réalité au Palais Rénovation du bord de mer.

Brice Constant Paillat, Ministre en charge des Transports © D.R.

L’histoire récente l’a démontré en 2021, avec l’affaire « Massassa ». Le sac d’argent qui aurait été envoyé au Premier ministre par un émissaire du cabinet Massassa contenait l’équivalent de… 450 000 euros en liquide, soit près de 300 millions de francs CFA. Ce fut un véritable scandale. Un cas flagrant de corruption impliquant la Chef de l’administration gabonaise de l’époque, Rose Christiane Ossouka Raponda et son ministre du Pétrole, Vincent de Paul Massassa. Ce dernier a été maintenu à son poste malgré la gêne des révélations occasionnées au sein des plus hautes institutions de la république.

Par Ghislain MAKOMBAZA

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page