Baisse significative de fruits dans nos forêts, une menace considérable pour l’état de forme des animaux frugivores

Le Ministère des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan Climat et du Plan d’Affectation des terres rend public dans un communiqué de presse datant du vendredi 25 septembre 2020, l’étude internationale de scientifiques gabonais et experts de l’université de Stirling portant sur l’impact du changement climatique dans les forêts tropicales humides d’Afrique centrale et la menace pesant sur les populations d’éléphants dans la région.
Selon le communiqué ; Les résultats, publié hier dans la revue scientifique de renom, Science « L’effondrement à long terme de la disponibilité des fruits menace la mégafaune des forêts d’Afrique centrale » révèle que la baisse significative du nombre de fruits par arbre fruitier dans le parc national de la Lopé au Gabon coïncide avec le déclin de l’état de forme physique des éléphants de forêt frugivores.
L’étude met en évidence la baisse de la production fruitière de l’ordre de 81 % entre 1986 et 2018, ainsi qu’un affaiblissement depuis 2008, de l’ordre de 11 %, de l’état de forme physique des éléphants de forêt frugivores. Cela signifie qu’en moyenne, les éléphants et les autres animaux trouvaient des fruits mûrs sur un arbre sur dix dans les années 1980, mais qu’aujourd’hui ils doivent en chercher sur plus de 50 pour en trouver.
La température moyenne a augmenté de près de 1 degré Celsius au cours de l’étude. La floraison de certaines espèces d’arbres du parc national de la Lopé est tributaire d’une baisse des températures. Et, le fait d’avoir des températures plus élevées peut indiquer l’absence de cet élément déclencheur indispensable pour la production fruitière. Le fonctionnement des écosystèmes tropicaux est important pour la régulation du climat et pour la santé globale.
Cette recherche souligne la manière dont le changement climatique dans le monde affecte les plantes et les animaux à l’échelle locale via la réduction de la quantité de nourriture disponible dans les forêts. De plus, l’étude vient s’ajouter au corpus mondial de données probantes qui mettent en exergue la crise actuelle en terme de biodiversité et les conséquences liées au changement rapide des conditions climatiques.
Pour M. Tanguy Gahouma, secrétaire permanent du Conseil National Climat du et président en exercice du Groupe Africain des Négociateurs de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques, « Ces recherches montrent que nous approchons d’un point de basculement où les effets en cascade entraîneront une accélération du réchauffement climatique, mettant un monde avec « 1,5 ou 2 degrés’ supplémentaire, avec des conséquences catastrophiques irréversibles pour l’Afrique et le monde en général ». Depuis 1992, le programme de recherche du parc national de la Lopé reçoit le soutien de l’Union européenne à travers le programme ECOFAC en cours.
Des fonds supplémentaires ont été reçus d’entités telles que la Wildlife Conservation Society, le Conseil européen de la recherche, Panthera, et la bourse Mortimer-May du Hertford College de l’Université d’Oxford. L’ambassadrice de l’UE au Gabon, Son Excellence Rosario Bento Pais, a déclaré ce qui suit : « Cette recherche a été rendue possible grâce à un partenariat avec l’Union européenne et son appui constat à la protection de la biodiversité en Afrique centrale et au Gabon depuis plus de 30 ans ».
Le Professeur Lee White, qui mène des recherches à la Lope depuis 1989, l’un des principaux auteurs de cette recherche, a déclaré pour sa part : « Il est alarmant de constater que le changement climatique entraîne la famine des éléphants de forêt et les oblige peut-être à quitter les forêts pour s’approcher des villages à la recherche de nourriture, ce qui les amène à ravager les plantations ».
« Pendant des années, les destructions de cultures par les éléphants ont augmenté au Gabon, alors même que l’espèce était menacée en raison du braconnage. Ce phénomène est un nouvel exemple de l’extrême obligation de l’Afrique à s’adapter à une crise mondiale pour laquelle elle est la plus vulnérable sans pour autant y avoir participé », a déclaré S.E le Président de la République, M. Ali Bongo Ondimba, grand défenseur de l’Initiative d’Adaptation pour l’Afrique.
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